mardi 6 mars 2012

L'image du motard

Un article écrit à l'époque pour le magasine de la FBMC (Fédération Belge des Motards en Colère). Comme l'article vient de sortir, je le publie ici aussi.


Le motard n’est pas beau. Enfin, pas physiquement évidemment, bien qu’il doit, selon toute logique, y avoir une partie des motards qui ne soient pas beaux. Mais qu’est-ce que la beauté ? La beauté est relative, elle dépend des goûts de chacun, … Trêve de plaisanterie, l’image du motard n’est pas belle, n’est pas positive. Pourtant, cette réputation n’est pas justifiée. Je ne dis pas que tous les motards sont parfaits, non, il y a aussi des cons chez les motards, mais il n’y en a pas plus qu’ailleurs, c’est comme pour la beauté… Et des motards que j’ai croisé sur la route, que j’ai rencontré, oui, j’ai vu des imbéciles, mais comme je l’ai dit, pas plus qu’ailleurs.

Qu’est-ce qui fait alors que le motard ne soit pas toujours bien vu (au sens figuré bien sûr, le premier qui me dit qu’il n’a qu’à mettre un gilet fluo copiera 10 fois cet article, les voyelles en rouge, les consonnes en vert) ? Je ne dis pas que tout le monde hait le motard, et que dans peu de temps on chassera le motard à coups de flambeaux et de fourches, qu’on le brûlera sur un bûcher sur la place publique, non, mais bon, lorsqu’on est sur la route, on sent parfois qu’on dérange, qu’on n’est pas aimé. Je m’en fous personnellement, je ne souhaite pas être aimé de tout le monde, mais lorsque cela nuit à ma sécurité, je suis moins fan. Qu’est-ce qui fait donc, que le motard soit si mal vu des autres usagers de la route ?

Le motard est le premier responsable de sa mauvaise réputation. Comme pour tout, lorsqu’un faible pourcentage d’une catégorie de personnes fait le con, toute cette catégorie en pâtit. Lorsqu’un idiot remonte les files à fond de balle, insultant et shootant dans les voitures de ceux qui ne lui laissent pas un boulevard pour passer, il est sûr que l’image du motard, elle en prend un coup. L’imbécile qui traverse un village un dimanche ensoleillé, à 120 en première les gaz à fond, il est sûr qu’il ne remonte pas la réputation du motard sur ce coup-là. Le crétin qui traverse, ville, village, nationale, peu importe, en petite chaussures d’été, short, T-shirt, avec ou sans casque, en excès de vitesse ou pas, il est sûr qu’il y est un peu pour quelque chose si le motard passe pour un inconscient.  Il suffit de lire les commentaires d’un article de journal sur la mort d’un motard. La majorité des gens concluent que si le gars est mort c’est parce qu’il roulait comme un taré sans protection. Faut pas demander à quel point ca marque les gens, pourtant, des inconscients qui roulent comme ça, il n’y en a pas beaucoup. Mais c’est toujours la partie émergée de l’iceberg qu’on voit, pas ce qu’il y a sous l’eau.

Le motard est parfois, voire souvent, responsable de sa mauvaise réputation à son insu. Un dessin valant mieux qu’un long discours; mise en situation : Je suis au volant de ma BMW / Audi / Mercedes / VW (biffer la mention inutile), comme tous les jours, je suis coincé sur le E40 à hauteur de Louvain. Comme tous les jours, je perds un temps fou dans les bouchons. Je pourrais partir plus tôt, éviter le trafic, arriver tôt au travail, repartir tôt et être tôt le soir chez moi, passer du temps avec mes enfants, … Mais non, je préfère me lever tard et perdre des heures tous les jours, seul dans ma voiture. Comme tous les jours dans les bouchons, je passe de files en files persuadé que je gagne de précieux mètres de cette manière. Et là, en changeant une fois de plus de file, je coupe la route à un motard qui les remontait. Le motard klaxonne, non pas pour me faire chier, mais simplement pour me signaler que j’ai manœuvré sans regarder, que j’ai failli le renverser et que je le gène à l’arrêt entre deux files. Mais il est évident que je ne le vois pas de cette manière-là. Moi je sais que ce connard de motard il se fout de ma gueule, ben oui, il passe entre les files et se fout de notre gueule parce qu’on est à l’arrêt et en plus de ça, il me nargue, il me cherche en me klaxonnant comme ça. Et bien moi aussi je vais le faire chier, je vais bien me placer à droite sur la troisième bande, comme ça il aura du mal à passer, et je le gratifie, à son passage, d’un beau doigt d’honneur, voire même d’un petit coup de volant en sa direction tiens, je suis en forme ce matin... Malheureusement, cette mise en situation n’est pas une fiction, elle arrive tous les jours, et la version écrite ici est édulcorée, j’ai déjà vécu cette situation à plusieurs reprises et parfois, elle est bien plus agressive. Et voilà donc notre ami motard qui passe pour un salopard, alors que tout ce qu’il a fait, c’est rouler normalement et signaler à un automobiliste en manœuvre qu’il était dangereux pour lui. Ni plus, ni moins.

Une autre raison qui, à mon avis, salit pas mal l’image du motard, ce sont les petites cylindrées. Mobylettes, scooters, 50cc à vitesses, … La majorité de ces deux-roues étant conduite par des jeunes, pas toujours conscients de la dangerosité de l’engin sur lequel ils sont assis, se croient un peu invulnérables et au-dessus de tout. La plupart ne maitrisent pas toujours à 100% leur véhicule et il ne faut pas grand-chose pour avoir un accident, même minime.

Dans la plupart des cas, l’engin a été trafiqué, pour améliorer les performances, la vitesse, l’accélération, je n’indiquerai pas ici les manières de trafiquer un deux-roues de faible cylindrée, bien qu’internet regorge de tutoriels et autres astuces, mais ces modifications sont malheureusement faites sans se soucier de l’aspect mécanique du véhicule. Un deux-roues conçu pour rouler à 50Km/h n’est évidemment pas prévu pour se comporter de la même façon au double de la vitesse constructeur. La suspension, le châssis, les freins peuvent souffrir énormément des modifications subies, n’étant pas prévus pour de telles contraintes. La tenue de route ne sera plus la même à une vitesse trop élevée : Une bosse, un obstacle à éviter, et c’est l’accident assuré. 

Malheureusement,  une modification de scooter, mobylette ou autres, entraine systématiquement une augmentation considérable du bruit émis par ce véhicule. Ce qui peut devenir fort désagréable pour l’entourage du propriétaire. Si comme chez moi, certains jeunes usent de pareils engins nuit et jour et à répétition, je comprends tout à fait que les riverains apprécient très peu la vie en communauté avec de pareils énergumènes. 

Je ne citerai les hauts faits routiers des clowns qui vivent près de chez moi, mais je suis persuadé, et si je le suis, je suis certains que mes compatriotes pensent pareil, voire pire, que dans quelques années, ces inconscients iront grossir les rangs de la minorité de motards stupides et dangereux, ils en ont déjà la tenue vestimentaire.

Voilà comment cette partie de la population du deux-roues motorisé salit elle aussi l’image pas très propre du motard moyen. Ils ne le font certainement pas exprès, ils vivent dans leur monde où ils se croient supérieurs aux autres usagers de la route, invincibles et au-dessus de toutes les lois. Jusqu’au jour où ils se feront arrêtés, passer au rouleau, ou pire, qu’ils chuteront avec ou sans gravité, et que, de cette manière, ils grossiront les statistiques des infractions et / ou des accidents que l’on impute au milieu du deux-roues motorisé. En 2009, il y a eu 9350 accidents de deux-roues motorisés résultant au minimum une blessure légère. Sur ces 9350 accidents, 5053 étaient directement liés à des conducteurs de cyclomoteurs de type A et B. Soit un peu plus de 54% du total. On constate donc que les conducteurs de mobylettes et autres scooters représente une part importante, majoritaire même, dans les statistiques des accidents des deux-roues motorisés et par conséquent dans l’image négative des motards.

Il y a aussi le cinéma, où le motard est, dans 99% des cas, un sans foi ni loi, dangereux, bandit, hors la loi, violent, … Sauf Tom Cruise et James Bond, mais quand on voit leur manière de rouler et de s’habiller, ils sont tout sauf un exemple… Il n’y a que Gérard Klein, dans « L’instit » qui est un exemple à suivre en matière de sécurité moto.

Je plaisante ici, en traitant du cinéma qui influencerait l’image négative du motard, mais quand je vois combien de personnes gobent sans réfléchir tout ce qu’ils voient à la télévision, je me dis qu’il ne faut peut-être pas trop rire avec ce paragraphe.

Pourtant, si on regarde vraiment, le motard, c’est quand même quelqu’un. Dans la plupart des cas, il est toujours courtois, un petit signe de la main, du pied, et si il ne le fait pas, c’est bien souvent parce qu’il ne sait pas, lâcher le guidon n’est pas toujours évident selon la circonstance, idem pour le pied, mais il y a au minimum, un petit signe du casque. Le motard est solidaire, il s’arrêtera, souvent, pour un compatriote, ou pour un usager quelconque, au bord de la route. Et ça, je peux l’affirmer puisque j’ai eu la (mal)chance de le vivre. Arrêté sur la bande d’arrêt d’urgence, pour une connerie, réparée en 5 minutes, 5 motards sont passés, deux ont continués leur chemin, deux m’ont « demandé » si j’avais besoin d’aide, et un s’est arrêté spontanément.  Pendant ce temps-là, une centaine de voitures est passée, pas un regard. Et puis, mine de rien, le motard a un gros cœur sous sa carapace en cuir. Combien de manifestations, de rassemblements pour une œuvre caritative, pour un enfant, un malade, un blessé, … ? Le plus connu d’entre eux (mais pas forcément le meilleur, mais ceci est un autre débat) étant le Televie, rassemblant, chaque année, quelques milliers de motards.

Alors c’est sûr, chez les motards, y a des cons, mais malheureusement, le con il est universel, et il n’est certainement pas plus concentré chez les motards qu’ailleurs. Et puis, comme disait le plus célèbre des crucifiés : Que celui qui n’a jamais... 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire